forêt gaspésienne

Quelques notes sur l’histoire de l’AFBSLG

Lac Cascapédia 038

L’Association forestière du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie inc.

Quelques notes sur son histoire

Le 8 février 1939, lors d’une assemblée tenue à la Salle des Promotions de l’Université Laval, alors située dans le Vieux-Québec, prenait naissance l’Association forestière québécoise. L’ampleur des problèmes forestiers à étudier, leurs multiplicités et surtout la disparité de ceux pertinents à chaque région de notre immense province amenèrent les fondateurs à suggérer la création d’associations régionales ou filiales de l’Association centrale.

Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie furent les premiers à emboiter le pas. Le 28 février 1940, à Rimouski, naissait la première association régionale. Elle était alors connue sous le nom de : Cercle régional de l’Association forestière du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.

Le premier président ne fut nul autre que son principal promoteur, monsieur J.D. Brulé, ingénieur forestier, dont le souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire de toutes les personnes qui l’ont connu. Il fut président de 1941 à 1946 inclusivement. Il fut très bien secondé, lors de la fondation, par messieurs Gédéon Roy, H.W. Wilson et Alfred Grenier. Dans le programme souvenir du congrès, tenu au Lac au Saumon en 1955, on les qualifie, à juste titre de « Pionniers» du Cercle régional de l’Association forestière du Bas Saint- Laurent et de la Gaspésie.

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La période de 1940 à 1948 parue très difficile à ses pionniers. Mais, secondé par messieurs J.N. Albert, b.s.a., Gédéon Roy, ing.f., Armand Fafard, ing.f., R.Langlois, b.s.a., A. Bellemare, e.c., et Paul Hubert, i.r.e., ils sûrent imprimer leur marque d’efficacité dans la création d’une mentalité de conservation au sein de la population de notre immense territoire.

Les faits marquants de cette période se trouvent consignés dans les rapports de 3 importants congrès tenus le premier au Lac Métis les 15 et 16 juillet 1941, le second à Gaspé les 25 et 26 août 1943 et le troisième à Rimouski, les 20 et 21 septembre 1948. Des congrès tenus au Lac Métis et à Gaspé, il nous est resté quelques documents écrits sur les résolutions alors adoptées. Notons ici que ces documents sont rares, suite aux 2 incendies survenus au bureau des Terres et Forêts à Rimouski.

Ces résolutions sont restées classiques, en ce sens, qu’elles nous dépeignent l’état de la situation forestière, voire même de l’économie générale de la région, à cette époque. Il suffit de relire le résumé d’un travail présenté par monsieur Esdras Minville, lors du congrès tenu à Gaspé en 1943 pour faire la preuve de cet avancé. C’est aussi au même endroit que fut proclamé le premier lauréat du mérite forestier, monsieur Placide Valcourt.

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Suite à son incorporation datée du 26 janvier 1948, le Cercle régional de l’Association forestière du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie devenait l’Association forestière du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie inc. Il est bon de se rappeler qu’en 1948, notre association avait un gérant permanent, monsieur Adrien Dussault, ing.f.

Au congrès régional tenu à Rimouski les 20 et 21 septembre 1948, des personnages de marque étaient présents et prenaient une part active aux assises qui s’y sont déroulées. Les conférenciers étaient le colonel Wilfrid Bovey, K.C. O.B.E. L.L.D, président du comité des relations extérieures de l’Université Mc’Gill et Paul Provencher, B.A. A.S. I.F. chef forestier à Québec North Shore Paper Co. Baie-Comeau. Le député de Bonaventure à Ottawa à cette époque, monsieur Bona Arsenault, était l’hôte d’honneur au banquet officiel. On revendiquait alors très fort pour le prix de 20,00 $ la corde de bois de pulpe.

Sans doute les années se sont suivies avec leur cortège de congrès annuels à travers toute la péninsule de la Gaspésie. Ils n’eurent pas tous la même ampleur. Une constante s’est dégagée de ces réunions. Peu importe le thème suggéré lors des assemblées plénières ou dans les ateliers de travail, il fallait faire le point sur la situation forestière. C’est alors que le programme d’action élaboré dans les congrès de 1941, 1943 et 1948 nous servait en quelque sorte d’étoile polaire pour juger de notre situation réelle face au problème forestier de notre région.

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Aujourd’hui, il est facile de traverser la péninsule de part en part pour vous rendre de Ste-Anne-des-Monts à New Richmond ou à Gaspé. Été comme hiver, il vous est possible de vous balader en automobile sur des routes forestières de première classe. Des mines sont en opération, la pêche s’est modernisée. Bien sûr, l’Association n’a pas construit de routes de voirie régionale ou forestière; elle n’a pas exploité de flottes de pêche et encore moins de mines; elle n’a pas construit de moulins à pâte ou des scieries ou des réseaux de distribution d’électricité.

Mais, de 1940 à 1960, elle a été une des porte-parole de la population dans ses revendications qui ont amené les autorités municipales, scolaires, provinciales et fédérales à réaliser les désirs légitimes de toute une population.

Loin de nous l’idée de penser que nous étions les seuls à agir de la sorte. Notre seule prétention, c’est d’avoir été les précurseurs dans le mouvement d’éducation forestière populaire. Sincèrement, d’autres mouvements ont œuvré dans le même sens que nous. Avec des objectifs nouveaux, en suivant de nouvelles avenues, ils ont fait avancer la cause du développement de notre région. C’est tout à leur honneur.

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De 1960 à 1970, ce fut la période de ARDA, BAEQ, CRD. Parodiant le poète André Chénier lequel disait « sur des pensées nouvelles, faisons des vers antiques », nous pourrions dire « avec des mots nouveaux, on a travaillé à la solution de problème ancien ». L’identité de l’Association forestière s’est peut-être quelque peu estompée durant ces années. Un fait demeure cependant, nos membres ont pris une part active dans cet immense mouvement de recherche socio-économique de la région pilote du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie.

L’Association forestière québécoise a raison d’être fière des travaux qu’elle a accomplis et la création des clubs 4-H en est un d’importance. Est-il besoin de rappeler que le premier club 4-H de la province de Québec fut fondé à Val-Brillant, le 4 août 1942. Cette fondation a essaimé à travers toute la région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. À moins d’erreurs, notre région a été celle où l’on comptait le plus grand nombre de clubs 4-H.

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La région du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie a été la première à s’organiser au sein de l’Association forestière québécoise. Elle a connu des succès, elle a subi des défaites. D’autres associations régionales se sont fondées qui ont connu de plus grands succès, mais le titre de première association régionale lui est à jamais décerné et elle en sera toujours fière.

Préparé par Marcel Léveillée, ing. f.
Lévis, le 18 mai 1979